« L'Etat laisse certes autant que possible les individus jouer librement, mais à condition qu’ils n’aillent pas prendre les choses au sérieux et l’oublier. L’homme ne peut avoir de rapports insouciants avec les autres hommes, des rapports « sans surveillance ni médiation d’en haut ». Je n’ai pas le droit de réaliser tout ce que mes facultés Me permettent de faire, mais seulement ce que l’Etat autorise, Je n’ai pas le droit de mettre en valeur Mes pensées, Mon travail, et généralement rien de ce qui est à Moi.
L’Etat n’a jamais eu qu’un but : borner, lier, subordonner l’individu, l’assujettir à une quelconque généralité. Il ne dure qu’aussi longtemps que l’individu n’est pas tout dans tout ; il n’est que la marque évidente de l’étroitesse de mon Moi, ma limitation et ma servitude. Jamais un Etat n’a pour but de permettre l’activité libre de chaque individu, mais toujours une activité liée à ses buts. Aucune œuvre commune ne peut naître de lui ; [...] c’est […] la machine de l’Etat qui fait tout, puisqu’elle met en mouvement les rouages des esprits individuels, dont aucun n’obéit à sa propre impulsion.
L'Etat cherche à entraver toute activité libre par sa censure, sa surveillance et sa police et il tient pour son devoir cette répression qui est en vérité ce que lui dicte son instinct de conservation. »
Max Stirner, L'Unique et sa propriété (1845)