Synthèse : Liberté Justice & Loi

Synthèse : La Liberté

Notions traitées, repères et auteurs abordés dans le cours et au programme de terminale.

Notions :

La Liberté    - La Justice

                        

Repères : Ces oppositions vous permettent de repérer les problématiques pour le commentaire de texte. Elles doivent vous servir à construire un plan et à problématiser     le sujet pour la dissertation.

En fait / En droit ; Identité / Egalité / Différence ; En théorie / En pratique ; Identité / Egalité / Différence ; Légal / Légitime ; Obligation / Contrainte ; Persuader / Convaincre ; Universel / Général / Particulier / Singulier

Auteurs : Auteurs étudiés dans le cours – vous ne devez pas nécessairement connaître leur doctrine, mais vous pouvez relire les textes que nous avons étudiés et ceux qui sont  dans le manuel.

Platon, Aristote, Epicure, Lucrèce / Hobbes, Descartes, Pascal, Locke, Leibniz, Hume, Diderot, Kant / Marx, Nietzsche, Freud, Husserl, Russell, Popper, Arendt, Foucault

 

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La liberté peut être définie de différentes façons selon qu’on l’envisage comme liberté individuelle ou comme liberté collective, selon une approche positive de la liberté ou au contraire négative. Ainsi on peut parler de liberté comme absence de contraintes (liberté « négative ») ou de liberté comme possibilité concrète de réaliser ses actions (liberté « positive ») ; on peut comprendre la liberté comme libre-arbitre, c’est-à-dire comme décision intérieure et subjective et choix, ou comme action libre dans le champ social ou politique. Elle engage en réalité la définition même de ce qui fait le propre de l’homme.

Nous verrons qu’elle s’établit en société dans le cadre des Lois et qu’elle constitue un critère de Justice qui nous permettra d’évaluer les modèles sociaux et politiques. Enfin, elle est une des composantes de l’aspiration au Bonheur.

- LA LIBERTE -

La liberté fut d’abord définie comme la possibilité d’une délibération et d’un choix. En effet, pour Aristote, il faut distinguer les actes volontaires, qui résultent d’une décision et d’un choix délibéré, des actes involontaires qui ne laissent pas la place à une décision. Seuls les premiers correspondent à l’idée de liberté comme liberté de choix. Il s’agit là d’une théorie de la responsabilité et des degrés de liberté. En effet, selon cette théorie, les choix sont d’autant plus libres qu’ils sont l’objet d’une délibération réfléchie. Il existe donc des degrés de liberté et des degrés de responsabilité (un enfant n’est pas autant responsable de ses actes qu’un adulte, quelqu’un qui agit en connaissance de cause est plus responsable que celui qui ignore les motifs et les conséquences de ses actions). Est d’autant plus libre donc celui qui est plus savant, celui qui fait usage de sa raison.

 

La liberté de choix est une liberté d’arbitrage : le Libre-Arbitre

Le libre-arbitre met en jeu une puissance de décision, la volonté, et la faculté de raisonner. Le sujet qui utilise son libre-arbitre se présente comme la cause de l’action.

Si l’homme peut agir de sa propre initiative, c’est qu’il peut rompre avec le déterminisme naturel et devenir « première cause » et créateur de nouvelles déterminations. Mais cette faculté de rompre avec l’enchaînement des causes naturelles n’est-elle pas une illusion ? Comment penser la possibilité d’une rupture dans la continuité du vivant ? Si l’homme fait partie du monde, comment peut-on penser le libre-arbitre face à la nécessité naturelle ?

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* Le Libre-arbitre est-il une illusion ?

En effet, l’impératif du principe de causalité fonde un déterminisme qui ne semble pas laisser de place à la liberté humaine.

Déterminisme : relation nécessaire entre une cause et un effet. Le déterminisme soumet les phénomènes aux lois de l’enchaînement causal.

Si l’on reconnait le déterminisme dans la Nature (« rien n’est sans raison »), comment imaginer que l’homme soit le seul être vivant à échapper à ce principe ?

L’action humaine comme la décision (même intérieure) de l’homme ne paraît pas pouvoir échapper à ce déterminisme. Peut-on réellement agir sans raison, prendre une décision sans qu’elle ne soit finalement le résultat d’un enchaînement de causes, de faits liés et déterminés ?

On peut rapporter toute action humaine à un système de déterminations : naturelles, sociales, historiques, psychologiques, etc. qui mettent en cause le libre-arbitre comme faculté de choisir sans être contraint. Même dans le cas que soulignait Descartes de la liberté d’indifférence, celle qui nous fait agir par pur acte de la volonté, cette décision finalement ne peut-elle pas toujours être rapportée à une nécessité, ne serait-ce que celle de prendre une décision ?

Il faut bien convenir que, même lorsque nous prenons une décision en toute liberté, en toute conscience, elle se révèle toujours motivée par quelque raison, quelque motif, même si ceux-ci ne nous apparaissent pas de prime abord. Un observateur extérieur pourrait expliquer notre action et notre choix, au moins après coup.

Le libre-arbitre ne serait alors qu’une illusion ! Ayant conscience de notre action, mais non des raisons qui les motivent, l’homme s’imagine que sa liberté en est la cause…

Mais cette illusion du libre-arbitre est sans doute nécessaire. Elle constitue en réalité la condition de toute action humaine : condition psychologique, sociale et politique. La liberté est ainsi, selon Kant, un postulat de la Raison pratique. Pourtant, la liberté condition de l’action n’est plus cette liberté de choisir que nous proposait la définition du libre-arbitre. Comment redéfinir cette nouvelle liberté ?

Selon Nietzsche, le libre-arbitre est une invention qui nous rend responsables et souvent coupables de nos actes. Pourtant, on ne peut ni s’en réclamer pour s’arroger l’entier mérite de nos actions, ni le réfuter pour s’en excuser par la « mauvaise foi » ! Il faut redéfinir la liberté, non plus en termes de choix, mais en termes d’affirmation d’une volonté, de création ou d’émancipation. Et comprendre avec Sartre, que cette liberté est ce qui fait la spécificité de l’existence humaine et ce qui l’oblige à s’inventer lui-même. L’homme est condamné à être libre ! (JP Sartre)

Cette liberté qui est le propre de l’homme ne peut donc être cette liberté théorique, cette liberté de décision en son for intérieur… Nous relèverons donc que la liberté ne se situe pas dans l’espace abstrait et métaphysique. Elle n’est pas une liberté théorique, mais une liberté pratique et politique. Elle s’exprime dans l’espace public et non dans le for intérieur, dans l’espace privé. Elle participe donc de l’activité humaine et surtout de l’activité sociale de l’homme. C’est une liberté en commun qui justement invente des modes d’être ensemble, des manières de vivre, de se comporter, qui s’exprime dans les relations et notamment dans les relations de pouvoir.

 

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* La liberté / La Justice et la Loi

Ne peut-on dès lors considérer la liberté comme un critère nous permettant d’évaluer les modèles de société ? En effet, si la liberté est avant tout liberté politique et qu’elle est ce qui permet de faire vivre l’espace public, la société est alors tenue de favoriser l’expression des libertés et de permettre l’innovation. Une société sera donc d’autant plus juste qu’elle accueillera et encouragera la liberté des citoyens. La liberté est donc un critère d’évaluation et une idée directrice pour la Justice.

C’est ainsi que les Lois doivent elles-mêmes s’inscrire dans cette préparation de l’espace public à l’affirmation de la liberté. Elles assurent donc idéalement la protection des libertés individuelles et collectives :

- soit en empêchant le conflit des libertés pour préserver les libertés civiles essentielles (liberté des échanges, du commerce, de l’éducation…). C’est le modèle proposé par Hobbes dans son Léviathan et qui inspirera les penseurs libéraux, d’une liberté limitée mais garantie par la force du Souverain.

- soit en proposant un Contrat social qui ouvre à une nouvelle forme de liberté : transformer la liberté naturelle en liberté conventionnelle par le moyen d’une association sans cesse renouvelée. Ainsi, selon ce modèle proposé par JJ Rousseau, « Ce que l’homme perd par le contrat social, c’est sa liberté naturelle et un droit illimité à tout ce qui le tente et qu’il peut atteindre ; ce qu’il gagne, c’est la liberté civile et la propriété de tout ce qu’il possède. » Du Contrat social.

La liberté n’est donc pas forcément contraire à toute législation. On pourrait même postuler que les lois rendent les hommes plus libres que l’absence de lois qui les livrerait aux concurrences infinies entre les volontés. L’obéissance à la loi peut ainsi être une condition de ma liberté. Nous parvenons à une définition de la liberté comme obéissance à la loi que l’on s’est donnée : autonomie…

La liberté ne peut ainsi être comprise dans sa dimension proprement humaine que si elle est replacée au cœur du domaine politique et social, au cœur des échanges régulés avec les autres. Il en va de même pour la question du Bonheur ! En effet, si celui-ci peut être abordé sous l’angle de la satisfaction des désirs et des besoins de l’homme, on verra qu’il ne prend véritablement sens que compris comme quête de réalisation et de reconnaissance au sein de la société.

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