Synthèse Vérité Raison Croyance Expérience

Synthèse : La Vérité

Notions traitées, repères et auteurs abordés dans le cours et au programme de terminale.

Notions :

La Vérité :          - La Raison et la Croyance

                          - L’Expérience

Repères : Ces oppositions vous permettent de repérer les problématiques pour le commentaire de texte. Elles doivent vous servir à construire un plan et à problématiser     le sujet pour la dissertation.

Absolue / Relatif ; Abstrait / Concret ; En fait / En droit ; Objectif / Subjectif ; En théorie / En pratique ; Universel / Général / Particulier / Singulier

Auteurs : Auteurs étudiés dans le cours – vous ne devez pas nécessairement connaître leur doctrine, mais vous pouvez relire les textes que nous avons étudiés et ceux qui sont  dans le manuel.

Platon, Aristote, Epicure, Lucrèce / Hobbes, Descartes, Pascal, Locke, Leibniz, Hume, Diderot, Kant / Comte, Marx, Nietzsche, Freud, Husserl, Russell, Popper, Arendt, Merleau-Ponty, Foucault

 

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La philosophie peut être définie comme une discipline de réflexion et une méthode. Elle cherche la vérité en testant par le dialogue (imaginaire ou réel – méthode socratique), ou par la logique (raisonnement et règles logiques) les thèses établies. Elle cherche notamment des règles permettant de reconnaître la vérité, de dégager des certitudes sur lesquelles construire le raisonnement.

Mais quelle est cette vérité que nous cherchons ? Comment la définir ?

Il s’agit donc de déterminer d’abord en quoi consiste le vrai : la vérité correspond-elle à la réalité ? Est-elle un accord entre ce que je perçois et ce que j’en dis ou en pense ?

 

* La Vérité

La vérité peut être définie comme l’adéquation des jugements, des propositions formulées par la Raison, avec la Réalité. Mais elle doit aussi répondre aux exigences de vérification de la raison, être cohérente avec les règles logiques.

- Vérité-Correspondance : la vérité est une valeur donnée à un jugement qui porte sur des faits. Elle correspond à la réalité et vérifie la validité de notre expérience. La vérité est l’adéquation de l’esprit avec la chose.

 - Vérité-Cohérence : La vérité est aussi une valeur qui obéit au principe de cohérence de la pensée avec elle-même. La vérité doit répondre au principe de cohérence logique, elle ne peut pas être en contradiction avec certaines règles formelles.

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Dans la recherche de la certitude (de la vérité indubitable), nous pouvons nous appuyer sur les règles de la méthode de Descartes. Celui-ci disqualifie en effet l’expérience comme source de la certitude : les sens sont trompeurs et la réalité matérielle est changeante. L’expérience du doute nous permet de comprendre que la définition de la vérité comme adéquation est insuffisante. Il nous faut trouver la source de la certitude ailleurs…

Ainsi, Descartes conduit-il sa réflexion (son doute méthodique) jusqu’à la seule certitude qui selon lui, résiste au doute : la certitude du Cogito. Ce n’est qu’à partir de cette certitude de la conscience, conscience de soi, que l’on peut accéder à la vérité et échapper à l’erreur et à l’illusion.

Cependant, le cogito apparaît bien isolé dans le monde dont il veut rendre compte et l’on peut remettre en cause son statut de première évidence. Si l’on adopte un point de vue plus matérialiste et plus critique que celui de Descartes, on peut en effet contester que le Sujet échappe lui-même au doute, ou que l’on puisse trouver une autre source de vérité que l’expérience (texte de Lucrèce).

Il nous faut alors nous interroger sur la possibilité de conjuguer ces deux sources : la Raison et l’Expérience, dans notre recherche. Il faudrait ainsi appliquer les principes de la Raison à la réalité de l’expérience. Nous verrons que la méthode scientifique expérimentale propose une telle mise en rapport de l’Expérience et de la Raison.

* La Raison et la Croyance

Mais, d’abord, il est nécessaire de s’interroger sur la persistance des croyances, la résistance de l’opinion et de l’erreur, face aux efforts de la Raison pour découvrir la vérité. Qu’est-ce qui nous empêche d’accéder à la vérité ?

Ces obstacles à la découverte de la vérité sont l’illusion, l’erreur, ou le mensonge. Ils peuvent être regroupés sous le terme de Croyances (en effet, il s’agit toujours de croire que l’on possède la vérité). C’est pourquoi il faut maintenant aborder la question des Croyances sous les termes de la croyance individuelle, puis de la croyance partagée ou collective, enfin de la croyance particulière que constitue la croyance religieuse.

Les croyances sont-elles toujours des illusions ?

Si nous abordons ce sujet par le biais des croyances individuelles, personnelles, nous pouvons - avec Freud - rattacher l’ensemble des croyances du sujet (croyances subjectives) à la recherche de satisfaction (illusoire sans doute) de besoins et de désirs, notamment de désirs inconscients. Il en va de même des croyances collectives ou objectives qui répondent à ces désirs finalement partagés par tous les hommes. Ainsi, cette crédulité fragilise-t-elle l’individu et la société en donnant prise à des opérations de séduction, de propagande, et finalement à la constitution d’idéologies qui peuvent être néfastes. On peut voir dans la fragilité du jugement humain la cause de la persistance de ces croyances et de la construction d’idéologies, notamment politiques.

Nous voyons que l’idéologie reprend à son compte les croyances individuelles pour les organiser en systèmes de croyances qui permettent de manipuler, de contrôler et de diriger les sociétés. L’idéologie a aussi une fonction consolatrice qui dissimule les réalités sociales ou économiques, notamment les relations de domination (nous l’avons vu avec Marx). La lucidité de la raison s’oppose ici à la croyance. De même, en ce qui concerne la croyance religieuse, nous pouvons à l’exemple de Marx et de Freud, la ranger dans la catégorie des illusions (personnelles ou collectives). Ces illusions peuvent-elles résister à la « mort de Dieu » telle que l’annonce Nietzsche, ou au  « désenchantement du monde » ?

 

Notre approche, à la suite des philosophes du soupçon (Freud, Marx, Nietzsche), nous renseigne sur la part d’illusion « dangereuse » qui est dans la croyance, cependant rend-elle compte de toutes les dimensions de la religion ? Nous pouvons en douter quand nous abordons la religion sous l’angle de la Foi et de la Spiritualité.

En effet, la religion n’est pas seulement l’occasion d’un détachement ou d’une consolation, elle est aussi ce qui relie les hommes entre eux (conformément à son étymologie). La Foi, telle que Blaise Pascal le montre, échappe aux exigences de la Raison (elle est une intuition, une connaissance du cœur). La foi religieuse permet au croyant de donner un sens au monde et à son action : elle est porteuse d’une espérance. Ainsi, est-elle un postulat de la raison pratique selon Kant : on ne peut démontrer les croyances liées à la foi, mais elles sont nécessaires à notre action dans le monde. La foi religieuse et la spiritualité portent ainsi en elles ce qu’E. Bloch nomme le Principe Espérance : principe utopique qui résiste à la fin de la croyance en Dieu.

Notre action obéit à des objectifs dont nous avons espoir en la réalisation, contre toute attente et toute raison. La Croyance déborde ainsi la Raison et fonde une illusion, mais une illusion nécessaire qui oriente notre action. Nous pouvons ainsi penser autrement l’idéologie et la vision du monde qu’elle contient, comme une illusion qui donne sens à note vie en commun. De même, les croyances personnelles peuvent-elles finalement apparaître comme des illusions nécessaires qui sans doute consolent, mais peuvent aussi motiver l’action du sujet…

Les croyances ne sont que rarement de simples illusions. Elles répondent à des logiques souterraines qui s’opposent à la Raison :

- D’une part, ces logiques sont celles des désirs, des craintes et des systèmes idéologiques.

- D’autre part, elles reflètent les espoirs. Elles expriment la volonté de liberté et d’action qui nous est propre.

 

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Si les obstacles sont nombreux, faut-il pour autant renoncer à la découverte de la vérité ? N’existe-t-il pas une méthode qui nous permettrait de nous élever au-dessus de l’opinion et de la croyance ? Cette méthode devrait mettre en rapport la Raison et l’Expérience que nous avons identifiées comme deux sources concurrentes de la certitude…

 

* La Raison scientifique

La méthode scientifique paraît correspondre aux attentes de notre recherche. La Science peut ainsi se définir provisoirement comme une connaissance rationnelle, certaine et universelle, que l’on établit par démonstration et par expérience. La démonstration nous renvoie à l’idée d’une vérité-cohérence en ce qu’elle obéit à des principes formels et logiques, qui ne peuvent prouver par exemple l’existence des objets dont elle s’occupe. Elle se limite à prouver la cohérence d’un système, à valider une théorie. Il reste à rapporter cette théorie aux faits que l’on constate. C’est la construction d’un dispositif expérimental, l’expérimentation, qui permet cette confrontation de la raison et de l’expérience.

L’expérimentation (telle que la définit Claude Bernard) est ainsi un dispositif de validation, de test, qui permet de passer d’une connaissance subjective à une connaissance objective. Le travail du scientifique consiste donc à construire de telles expériences, guidé par la théorie et les hypothèses qu’il a émises. Mais ce processus de Vérification doit aussi être associé à la détermination de critères de Réfutabilité de la théorie (des tests cruciaux capables d’invalider la théorie scientifique) pour atteindre à la vérité scientifique (selon K. Popper).

Cette vérité n’apparaît plus comme définitive et absolue, mais comme provisoire et perfectible. Cependant, la Vérité demeure ce qui oriente les travaux du scientifique. L’objectivité et l’universalité de la vérité (peut-être jamais absolue) demeurent la visée de la science, ce qu’elle cherche à atteindre…

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Si nous pouvons conclure à une forme de relativité de la vérité telle que nous l’avons abordée, il ne faut cependant pas renoncer à toute recherche de celle-ci. Au contraire, elle est ce qui oriente la recherche. Nous pouvons toujours opposer la méthode et la science à l’opinion et à l’illusion.

 

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