Durkheim - Les règles de la méthode sociologique

Les Règles de la méthode sociologique - Préfaces, chapitres 1, 2 et 5 - Emile Durkheim

I- Présentation générale

Biographie d'Emile Durkheim (1858-1917)

Durkheim est le fondateur de la discipline sociologique moderne, c’est-à-dire de la sociologie comme une science indépendante obéissant à ses propres méthodes et recherchant la même exactitude que les sciences naturelles et expérimentales. Il est influencé par le positivisme d’Auguste Comte, celui qui le premier désigna du nom de sociologie l’étude systématique des lois qui régissent les phénomènes sociaux. Mais c’est bien lui qui donnera à cette science ses premières analyses formelles. Il marquera durablement la discipline autant par les objets dont il va s’occuper spécifiquement que par la méthode qu’il va mettre en œuvre.

Durkheim est issu d’une famille juive des Vosges et se considère lui-même comme agnostique. Il ne souhaite pas devenir rabbin comme son père et choisi la voie des études philosophiques. Il est admis à l’Ecole Normale Supérieure et obtient l’agrégation de philosophie en 1882. Par la suite, il entreprend la rédaction d’ouvrages de sociologie avant d’enseigner lui-même cette nouvelle matière à la Sorbonne à partir de 1902.

Durkheim est un intellectuel républicain, universaliste et laïc. Il sera un des membres fondateurs de la Ligue pour la défense des Droits de l’Homme et un défenseur du capitaine Dreyfus. Par ailleurs, ses préoccupations en termes de justice et de cohésion sociale en font l’ami de Jean Jaurès.

 

Bibliographie

  • De la division du travail social (sa thèse, 1893)
  • Les Règles de la méthode sociologique (1894)
  • Le Suicide, étude de sociologie (1897)
  • Représentations individuelles et représentations collectives (1898)
  • Les formes élémentaires de la vie religieuse (1912)

Contexte

La sociologie moderne telle que la voit Durkheim doit d’abord établir l’indépendance de son objet : la société, les faits sociaux. Ceux-ci sont compris comme spécifiques (on ne peut pas les rapporter à d’autres faits qui les expliqueraient), indépendants (ils ne peuvent être expliqués simplement par l’étude des individus qui forment le groupe social) et objectifs (ils échappent aux jugements de la morale ou de la religion et constituent des données scientifiques).

 

II. Plan du texte

Préface de la première édition

Préface de la seconde édition

Introduction

Constat portant sur les méthodes utilisées jusqu’à présent en sciences sociales et critique de leur scientificité. Propos de l’ouvrage.

Chapitre 1 – Qu’est-ce qu’un fait social ?

Définition du fait social.

Distinct : il faut distinguer le fait social des autres faits – le fait social n’est pas un fait conscient pour les individus. Il détermine cependant l’action de ces individus.

Indépendant : le fait social est indépendant vis-à-vis de ses manifestations individuelles.

Généralisé : le fait social devient un fait général en raison de son caractère social.

Chapitre 2 – Règles relatives à l’observation des faits sociaux

Règle fondamentale : Traiter les faits sociaux comme des choses.

Histoire de l’émergence de la discipline sociologique (Comte, Spencer). Il faut détacher la sociologie de l’idéologie.

  1. Les faits sociaux doivent être traités comme des choses

  2. Ils ont tous les caractères de la chose.

Fonder une science à l’exemple de la psychologie : la psychologie pour les faits individuels, la sociologie pour les faits sociaux.

Chapitre 3 – Règles relatives à la distinction du normal et du pathologique

Utilité théorique et pratique de la distinction entre le normal et le pathologique : but visé par la science qui doit diriger notre conduite.

La maladie doit être distinguée de la santé comme l’anormal du normal. L’anormal en sociologie est ce qui est accidentel et inférieur par rapport au normal.

Chapitre 4 – Règles relatives à la constitution des types sociaux

La distinction du normal et de l'anormal implique la constitution d'espèces sociales.

L’espère sociale se situe entre le genre humain et la société en elle-même – distinguer dans les sociétés des types sociaux.

Chapitre 5 – Règles relatives à l’explication des faits sociaux

En sociologie, on ne doit pas simplement expliquer les faits par leur utilité, leur finalité. Il faut rechercher les causes efficientes des faits sociaux, les causes qui déterminent les faits sociaux avant leur fonction.

De même, on ne doit pas expliquer les faits par leur caractère psychologique. Le fait social par définition est indépendant des faits psychiques. L’association, la société donne naissance à un être nouveau qui n’est pas l’individu psychologique.

Importance de la notion de milieu social en sociologie. A mettre en rapport avec les types sociaux.

Chapitre 6 – Règles relatives à l’administration de la preuve

La méthode comparative ou expérimentation indirecte est la méthode de la preuve en sociologie. Importance du principe : à un même effet correspond toujours une même cause.

Comparer des variations continues, en séries.

La sociologie comparée est la sociologie même.

Conclusion

Caractères généraux de cette méthode :

  • Son indépendance vis-à-vis de toute philosophie et vis-à-vis des doctrines pratiques.

  • Son objectivité. Les faits sociaux considérés comme des choses. Comment ce principe domine toute la méthode.

  • Son caractère sociologique : les faits sociaux expliqués tout en gardant leur spécificité ; la sociologie comme science autonome.

 

III. Etude approfondie de passages du texte

Préface de la première édition

Comment traiter scientifiquement des faits sociaux ? Le Modèle des sciences naturelles peut-il être appliqué aux sciences sociales ?

Pour décrire les péhnomènes sociaux, il faut échapper aux a priori. Notamment en ce qui concerne la question de la normalité et de l'anormalité : c'est-à-dire de la valeur de ces phénomènes.

Durkheim prend l'exemple de la criminalité qui est décrit comme un phénomène normal en sociologie. Il ne s'agit pas de juger de la valeur morale des conduites criminelles (puisque ce jugement fait lui-même partie des faits sociaux), mais de constater sa présence dans toute société et sa persistance.

La sociologie comme science échappe aux jugements de valeur et considère les phénomènes sociaux comme des données scientifiques : il est objectivement exact de relever le fait que dans toute société, il existe une criminalité.

De la même façon, il est exact que dans toute société il existe une répression de cette criminalité.

Comparaison avec un organisme – fonctions répugnantes de l’organisme – il n’empêche que ces fonctions sont normales et nécessaires à la santé de celui-ci.

De la même façon, il est normal que la criminalité existe car elle a une fonction sociale et que pour supprimer le crime, il faudrait « niveler les consciences » à un tel point qu’on nuirait à l’organisme social.

L’argument semble bien mené, cependant Durkheim glisse subrepticement vers une neutralisation de la morale dans l’étude de la société et vers ce que l’on pourrait nommer un fonctionnalismechaque phénomène social a une fonction, il est utile à quelque chose, et en ce sens doit être inclus dans l’étude de la société et non exclu de celle-ci. Le crime doit ainsi être inclus dans l’étude sociologique, à partir des statistiques, des relevés et des données scientifiques disponibles.

En ce sens, la criminalité est bien un phénomène social comme un autre, même si c’est un phénomène que l’on doit rejeter ou haïr selon Durkheim. En réalité, sa fonction est dans ce rejet même. Attention toutefois à ne pas en conclure que la criminalité existe en vue de cette fonction : ne pas confondre l'origine et la fonction est un des principes de la méthode de Dukheim. Dans le troisième chapitre de ses Règles de la méthode sociologique, il s’expliquera sur le sujet. Il s’attachera à distinguer dans les phénomènes sociaux ceux qui sont normaux et ceux qui sont pathologiques. Il prend pour modèle à nouveau les sciences naturelles et donc l’idéal de la santé : est morbide ce qui met en péril la santé. Mais cela ne suffit pas car la souffrance par exemple peut mettre en péril la santé d’un corps organisé, et pourtant elle est utile et nécessaire. Durkheim va donc préciser les critères de distinction entre le normal et le pathologique, en insistant d’abord sur le normal.

Ce qui est normal est forcément général, général au type social établit par l’analyse sociologique. L’universalité ou la généralité d’un phénomène social en fait bien entendu un phénomène normal. Pourtant, Durkheim ajoute à cette première approche une objection : parfois, dans un organisme, dans une espèce naturelle, une caractéristique générale héritée des nécessités d’adaptation et donc normale par rapport à ces nécessités, se retrouve à un moment donné inadaptée. C’est le problème naturel de l’évolution et donc ici plutôt de l’histoire des sociétés ! Un phénomène est normal s’il est général et si les causes qui ont permis sa généralisation ou qui ont rendue nécessaire sa généralisation, sont encore présentes, encore valables. Sinon, le phénomène est une survivance finalement anormale issue de conditions passées et amené à disparaître bientôt.

Ainsi Durkheim dont la perspective est laïque, regarde-t-il le phénomène du recul du religieux dans nos sociétés comme un phénomène normal, non parce qu’il est général, mais parce qu’il est général aux sociétés dans un état de développement comparable à la nôtre. La généralité du phénomène religieux est donc un indice de sa normalité passée et de son anormalité actuelle si l’on veut…

Appliquant désormais cette distinction à la question de la criminalité, Durkheim s’aperçoit, avec surprise nous dit-il, que la criminalité est un phénomène universel, présent dans toutes les sociétés quelles qu’elles soient (sous différentes formes certes). Premier indice de normalité. Certes, quand le taux de criminalité est excessif, on peut parler d’anormalité et de maladie sociale, mais pas en ce qui concerne le phénomène lui-même dans des proportions raisonnables.

Cependant, peut-on imaginer une société débarrassée de la criminalité, comme on peut imaginer une société qui se passe de la religion ?

Durkheim relève d’abord que la criminalité ne semble pas reculer d’après les statistiques et données disponibles pour la sociologie, donc il n’y a aucun indice de sa disparition prochaine. Il faut donc comprendre les causes de ce phénomène pour voir si ces causes peuvent un jour cesser d’être valables. Pas du tout répond rapidement Durkheim ! Les causes de la criminalité sont l’impossibilité en société d’obliger chaque conscience à adopter, à partager les sentiments et valeurs communs. Il est impossible de faire adopter à chacun par exemple la répugnance pour le vol sans augmenter de la même manière et en même temps la sensibilité morale de l’ensemble de la société à toute atteinte à la propriété. Ainsi, ce qu’aujourd’hui on qualifierait d’indélicatesse ou d’incivilité, deviendrait comme mécaniquement un crime. Le niveau de sensibilité augmentant, le crime se déplacerait sans jamais disparaître. Durkheim prend un exemple plus intéressant encore, il affirme que les atteintes aux personnes sont aujourd’hui bien moins fréquentes qu’avant, les meurtres, les crimes ont objectivement diminués. Cependant, cette diminution est causée par et s’accompagne d’une hausse de la sensibilité à toute atteinte à la dignité physique. Ainsi des crimes nouveaux apparaissent, de nouvelles actions sont qualifiées de crimes, avec raison sans doute, mais cela n’empêche que la criminalité ne diminue pas, au contraire même ! Simplement, elle change de forme.

Enfin, Durkheim ajoute un troisième constat scientifique concernant la criminalité : elle est universelle, elle est causée par une inégalité de sensibilité morale indépassable, enfin elle a une fonction essentielle pour la société. En effet, pour Durkheim, la criminalité participe de l’évolution, de l’histoire des sociétés. Par exemple, les crimes pour lesquels fut condamné Socrate seront plus tard regardés comme des indices d’une évolution des mentalités et du développement de nouvelles réflexions, de nouvelles morales.

Conclusion : la criminalité est un phénomène social normal dont on peut étudier les causes et les fonctions scientifiquement.

Il ne s’agit plus d’étudier la société telle qu’on la souhaite, telle qu’on voudrait qu’elle soit, mais bien telle qu’elle est. Durkheim refuse à l’idéologie une place dans l’approche scientifique qui est la sienne. En ce sens, et comme il l’affirme en conclusion de cette préface, Durkheim est un positiviste. Le positivisme consiste à ne se soucier que des faits, des faits réels et donc positifs. Il ne s’agit pas de supposer des valeurs (la science positive se garde des jugements moraux), ni des intentions (sur le modèle des sciences naturelles, la sociologie telle que la conçoit Durkheim se soucie peu de l’intention supposée des acteurs sociaux. Elle se limite à étudier analytiquement la fonction des phénomènes à l’exemple de celle des organes…).

 

Préface de la seconde édition

Réponse à des critiques à l’égard de la méthode proposée

Critique de la proposition à la base de la méthode sociologique : « les faits sociaux doivent être considérés comme des choses »

Définition d’une chose : Objet de connaissance dont on ne peut se faire une idée grâce à l’introspection, mais qui nécessite l’observation et l’expérimentation.

Attitude scientifique à l’égard des faits sociaux (contre les préjugés)

Distinction sciences expérimentales // Mathématiques

Tous les objets des sciences naturelles, des sciences expérimentales sont des choses – ce n’est pas le cas des objets des mathématiques qui sont des objets abstraits, créés pas l’intelligence humaine, par la logique… Pas de recours alors à l’expérience.

Peut-on appliquer le modèle des sciences naturelles aux sciences humaines – comparaison psychologie ?

Paradoxe : Durkheim affirme que les objets accessibles à l’introspection ne sont pas des choses, mais transige un peu plus loin quand il s’agit de psychologie objective ! L’introspection ne nous donne que des aperçus de notre psychisme et il fut donc prendre un point de vue extérieur, un point de vue scientifique pour mieux les saisir.

Si pour être scientifique la psychologie tend à considérer les phénomènes psychiques comme extérieurs, il est d’autant plus nécessaire à la sociologie d’adopter un point de vue extérieur et objectif. Les phénomènes sociaux ne sont pas du tout accessibles à la connaissance par la conscience ! Nous avons une connaissance limitée de ces phénomènes : nous héritons de la majeure partie des institutions sociales et même quand nous participons à leur établissement, les raisons qui président réellement à la formation de ces phénomènes nous échappent le plus souvent. Complexité des phénomènes collectifs.

Peut-on alors parler d’un inconscient social qui déterminerait les individus ? Il semble bien que Durkheim adhère à ce point de vue.

Cela renforce l’aspect objectif de la sociologie, mais cela occulte d’autant plus fortement le rôle que pourrait éventuellement jouer la conscience individuelle, ou la décision des acteurs sociaux dans le déroulement de ces phénomènes.

Il faut peut-être à nouveau rappeler que Durkheim ne conteste pas l’action des agents individuels, simplement il ne la prend pas pour objet de la sociologie ! La sociologie s’occupe des phénomènes sociaux en tant que tels… au risque de les « essentialiser », c’est-à-dire d’en faire des objets autonomes échappant à l’action humaine. C’est bien ce qui lui est reproché !

 

La société doit-elle être considérée à partir des éléments qui la composent ou faut-il au contraire l'aborder comme un ensemble qui a ses propriétés propres ? Pour une conception holiste de la sociologie

Durkheim va chercher dans les sciences naturelles, dans les sciences physiques des arguments en faveur de sa conception holiste de la société : il considère la société comme un ensemble, comme une totalité ayant ses caractéristiques propres en dehors des individus. La société est certes constituée d’individus, mais elle produit des effets qui lui sont propres et qui ne peuvent s’expliquer par les individus qui la composent. La société ne comprend rien d’autre que des individus, mais elle vit et produit des phénomènes nouveaux qui ne s’expliquent que par sa logique globale, collective. La logique sociale n’est pas du même ordre que la logique individuelle.

Champ autonome et circonscrit de l’étude scientifique des faits sociaux - Durkheim accorde néanmoins qu’il serait peut-être possible d’établir une psychologie sociale qui étudierait les relations entre les conceptions et les représentations collectives et pourrait en expliquer les tours et les détours. Mais cette psychologie de la société lui semble pour l’instant impossible et très éloignée des capacités d’analyse des sciences sociales… Il faudrait néanmoins mettre cette concession en lien avec l’effort fourni par tout un pan de la sociologie et justement de la psychologie sociale pour expliquer à partir de l’agglomération des attitudes psychologiques individuelles, une attitude générale jusqu’à présent très imprévisible !

 

Introduction

Etat de la sociologie / Un bilan

Pb. Manque de méthode = manque de définition de l’objet de cette science

Rappel des origines de la sociologie – Spencer, Mill, Comte - Ces penseurs seront mis à contribution et leurs méthodes seront évaluées.

Avant de passer à la déduction des principes sociologiques (c'est-à-dire d'engager des démonstrations à partir des lois sociologiques) et avant de proposer de trouver ces lois par induction (c'est-à-dire en partant des exemples et des expériences dans leur régularité), il faut bien entendu pour Durkheim définir l'obejt des recherches et délimiter le domaine propre à la sociologie.

 

Chapitre 1 : Qu’est-ce qu’un fait social ?

Comment définir les phénomènes sociaux ? Quelles différences présentent-ils avec d'autres phénomènes humains ?

Importance de la définition des faits sociaux : ils doivent être clairs et distincts

Comparaison avec les objets des sciences naturelles

Types de conduites et de pensées

Détermination de l'objet de la sociologie : les faits sociaux - Il s'agit de caractériser les faits que la sociologie va étudier pour d'une part les distinguer des faits dont s'occupent d'autres sciences comme la psychologie ou les sciences naturelles, et d'autre part d'en fournir une définition positive. On retrouve chez Durkheim cette préoccupation héritée de Descartes et qui consiste à vouloir établir des concepts clairs et distincts, des phénomènes simples que l'on prend pour objet de réflexion (d'ailleurs le titre même des Règles de la méthode sociologique n'est-il pas une référence à Descartes et son Discours de la méthode ?).

Selon son orientation, Durkheim n'entend pas rattacher la sociologie à des sciences humaines comprises comme telles, mais bien aux sciences naturelles et à la psychologie (la psychologie est ici un exemple de science que nous classerions bien plutôt comme une science humaine et donc que nous distinguerions de la biologie, ce que ne fait pas Durkheim). Il s'agit donc de distinguer les faits dont la sociologie s'occupe des phénomènes étudiés par les autres sciences naturelles et par la psychologie.

Premièrement donc, il est important pur Durkheim de distinguer les phénomènes sociaux des phénomènes psychologiques. Selon lui, alors que l'on doit rattacher les phénomènes psychologiques aux individus - les phénomènes psychiques étudiés sont individuels et intérieurs -, on doit saisir le caractère impersonnel et collectif des phénomènes sociaux. Les faits sociaux sont des faits extérieurs à l'individu qui s'imposent néanmoins à lui et qui favorisent ou empêchent certains comportements, certaines manières d'agir et de penser. Ce sont donc des phénomènes positifs, observables et mesurables par les effets qu'ils produisent sur les conduites collectives. Durkheim remarque d'ores-et-déjà le caractère contraignant des puissances sociales : on se plie en général à leur influence, il est d'ailleurs souvent impossible de faire autrement (Durkheim prend l'exemple de la langue qui m'est imposée par la société), et on ressent très fortement leurs effets quand on tente d'échapper à leur influence, de "résister".Les faits sociaux sont des phénomènes dont le pouvoir de coercition est s'autant plus puissant que leur origine n'est pas subjective ni psychologique.

Quelles différences entre les phénomènes sociaux et les phénomènes naturels que l'on étudie en biologie ?

Deuxièmement, nous l'avons souligné, il s'agit de distinguer les phénomènes sociaux de faits biologiques ou organiques. Au passage nous devons remarquer que l'intérêt pour la psychologie vient aussi du fait que cette science, comme la sociologie, s'occupe de phénomènes qui ne sont pas saisissables par les sens, qui ne sont pas "visibles", mais dont on peut en revanche constater les effets. C'est donc par leurs effets que l'on est conduit à poser l'existence de puissances sociales. Ainsi Durkheim s'appuie-t-il sur le fait que nous n'avons pas d'expérience sensible des faits sociaux pour distinguer la sociologie de la biologie. On peut comparer la société à un organisme, car elle est une totalité organisée constituée de parties articulées entre elles et hiérarchisées, de "groupes partiels" qui permettent de remplir les fonctions nécessaires à sa préservation. Pourtant cette comparaison demeure métaphorique car la société est justement ce qui s'écarte le plus du donné naturel : la société est une réalité culturelle et politique.

Les faits sociaux sont donc d'abord distingués des faits psychologiques ou des faits biologiques, il s'agit désormais de les caractériser en eux-mêmes. Quelles sont leurs propriétés et leurs qualités ?

Les phénomènes sociaux sont donc des phénomènes collectifs qui s'imposent aux individus qui font partie d'une société donnée. Ainsi quand on étudie les faits sociaux, on parle de comportements induits dont l'individu subit l'influence. Si nous avons relevé le caractère partagé et universel (au sein d'une même société) des faits sociaux, il serait erroné de les définir à partir de cette universalité. En effet, ce qui fait le propre des phénomènes sociaux, c'est qu'ils orientent des pratiques et des comportements du groupe que l'on retrouve permanentes à travers l'éducation, les croyances, les habitudes sociales. Ainsi ils ne se confondent pas avec les pratiques concrètes des individus qui ne les manifestent qu'en partie, mais ont une existence indépendante des pratiques en tant justement que tendances et orientations de l'ensemble de la société. Ainsi les taux de natalité ou de suicide, le nombre et le pourcentage des couples qui se marient, l'importance des pratiques religieuses, sont autant de manifestations des courants sociaux que l'on ne peut mesurer qu'à l'échelle d'une société et donc statistiquement. L'ensemble de ces "manières de faire", de ces comportements et de ces attitudes qui s'imposent aux individus comme des tendances collectives, constituent aussi des "manières d'être", vont finalement constituer une forme d'identité sociale particulière. Ces tendances sociales constituent selon Durkheim "un certain état de l'âme collective".

Ainsi Durkheim fait-il la synthèse de son travail de définition de l'objet de la sociologie ainsi : " Est fait social toute manière de faire, fixée ou non, susceptible d'exercer sur l'individu une contrainte extérieure ; ou bien encore, qui est générale dans l'étendue d'une société donnée tout en ayant une existence propre, indépendante de ses manifestations individuelles.

 

Chapitre 2 – Règles relatives à l’observation des faits sociaux

Règle fondamentale : Traiter les faits sociaux comme des choses.

Histoire de l’émergence de la discipline sociologique (Comte, Spencer). Il faut détacher la sociologie de l’idéologie.

  1. Les faits sociaux doivent être traités comme des choses

  2. Ils ont tous les caractères de la chose.

Fonder une science à l’exemple de la psychologie : la psychologie pour les faits individuels, la sociologie pour les faits sociaux.

Durkheim établit les règles de la méthode sociologique, c'est-à-dire qu'il fixe une méthode d'analyse des faits sociaux.

I. La première de ces règles est de considérer les faits sociaux comme des choses.

Pourquoi Durkheim précise-t-il cela ? Il affirme qu'il faut tenir les faits sociaux pour des choses à nouveau pour inscrire la sociologie dans la lignée des sciences reconnues comme positives, validées par l'expérimentation, et rejeter ainsi le reproche d'imprécision que l'on porte souvent sur les sciences humaines. Ces dernières nécessitent des interprétations, elles cherchent au-delà des faits la trace de l'intervention humaine, de l'esprit humain. C'est la différence reconnue par le sociologue et théoricien des sciences humaines allemand Wilhelm Dilthey (1833-1911) entre compréhension et explication. En effet, pour Dilthey, les sciences humaines (qu'il nomme "sciences de l'esprit") se distinguent des sciences naturelles en ce qu'elles nécessitent non seulement une explication par laquelle on recherche les causes des phénomènes, mais aussi une compréhension par laquelle nous recherchons les intentions qui motivent les acteurs des événements étudiés. Dans les sciences humaines, on doit prendre en compte l'intention, la motivation des acteurs pour comprendre (connaître leurs intentions en "se mettant à leur place").

Ce n'est pas la perspective qu'adopte Durkheim qui hérite d'Auguste Comte (1798-1857) une conception positiviste de la sociologie, elle doit être une science fondée sur les faits. Durkheim reconnaît sa dette à l'égard de Comte (p. 51), mais il critique néanmoins la conception de ce dernier d'un progrès humain qui donnerait un sens aux faits sociaux constatés. Pour lui, ordonner la sociologie à cette idée de progrès n'est pas une méthode scientifique, mais une représentation subjective et contestable qui fausse l'analyse objective des faits sociaux. Il en va de même pour l'approche développée par Herbert Spencer (1820-1903), philosophe anglais et précurseur de la sociologie moderne, pour lequel la société s'inscrit dans une évolution vers plus de coopération et plus d'intégration (p. 53). Pourtant il s'agit à nouveau pour Durkheim d'un préjugé moral et non de faits constatés par l'analyse. Ainsi, les phénomènes sociaux doivent-ils être envisagés comme des "choses" dont on ne préjuge pas du sens. Durkheim en propose une approche statistique, extérieure et objective qui permet de dégager les lois du social à partir des régularités statistiques. Il s'agit de se détacher de la conception de la société telle que l'opinion la voit et telle que les premiers sociologues l'ont définie à partir de cette idée commune.

La sociologie comme science doit-elle se fonder sur les conceptions naturelles de la Société ?

Distinction entre l'attitude naturelle et l'attitude scientifique : il est important pour établir la sociologie comme une science à part entière, de se détacher de l'attitude naturelle et des concepts "grossiers" et utilitaires qui la caractérisent. En effet, la sociologie doit prendre pour modèle les sciences physiques, les sciences expérimentales depuis Bacon et Galilée, c'est-à-dire qu'elle doit s'éloigner de la perception populaire et naturelle pour se préoccuper des faits scientifiques en eux-mêmes. Ainsi Durkheim propose-t-il une critique des pseudo-sciences qui se préoccupent des effets de leurs découvertes, plus que de l'exactitude de leur méthode. La sociologie ne doit pas selon lui s'attacher à changer les choses ou à régler les problèmes de la société, ni à porter de jugement de valeur sur les faits sociaux, elle doit se contenter de les décrire et d'en expliquer le fonctionnement, en se gardant des préjugés du sens commun. Par exemple, comme la perception peut nous tromper sur la situation qui est la nôtre dans l'univers, il appartient à l'astronomie de découvrir les faits (l'héliocentrisme par exemple ici) et de nous détromper ; de même, l'opinion populaire nous incite à penser que le concept de criminalité désigne une phénomène condamnable et anormal, mais l'étude scientifique de la société nous révèle que le crime un phénomène normal, présent dans toute société (ce n'est que la variation statistique du taux de criminalité qui peut désigner un phénomène anormal). On le voit, la science s'en tient aux faits et refuse les présupposés, les représentations.

Refus de l'idéologie et de la moralisation : Il est nécessaire selon Durkheim de refuser dans les raisonnements sociologiques toute intrusion de l'idéologie ou de la morale. La sociologie scientifique ne peut être idéaliste : ce qui importe dans cette étude, ce sont les choses et non la manière dont nous nous les représentons, dont nous les interprétons, dont nous les rejetons ou au contraire les encourageons. A nouveau, l'exemple de la criminalité est ici probant. La science s'ent tient aux faits et refuse tout jugement de valeur et toute perspective idéologique. Au passage, Durkheim s'oppose à un autre grand précurseur de la sociologie moderne, John Stuart Mill (1806-1873) dont il conteste l'orientation économiste (p. 56) : les faits sociaux s'expliquent par "la production ou l'acquisition de richesses". Mais cette valeur accordée à l'économie et à l'enrichissement ne paraît pas scientifiquement démontrée à Durkheim et il montre que cette théorie d'économie politique est éloignée de l'objectivité nécessaire à la science sociologique : ce n'est qu'une fois les phénomènes étudiés et analysés que l'on pourra établir leur but. La théorie économique libérale en ce sens ne peut être présentée comme scientifique, mais bien comme une vision idéologique de la société, de la même façon que les conceptions socialistes de la société.

Ainsi, la démarche sociologique doit se saisir des faits sociaux comme de choses, comme des données (data) qui sont le point de départ propre à cette science.

 

II. Règles corollaires

"Ecarter systématiquement toutes les prénotions" - On retrouve ici la méthode cartésienne : douter de tout ce que l'on a appris et reçu sans l'avoir analysé par soi-même et donc se débarasser de toutes les croyances et les préjugés. Il s'agit pour Durkheim de se dégager des passions sociales et des opinions.

"Définir les choses dont il traite" - Cette définition doit caractériser les phénomènes étudiés, en donner les propriétés et les particularités. A nouveau, il s'agit d'avoir un regard objectif sur les faits sociaux.

"Les faits sociaux sont d'autant plus susceptibles d'être objectivement observés qu'ils sont plus complètement dégagés des faits individuels qui les maniestent" - Il est question ici d'un point de méthode : repérer des pratiques, des formes et des structures sociales qui servent de point de repère à l'analyse. Ces objets d'étude doivent être suffisamment abstraits pour recouvrir différentes manifestations, mais suffisamment concrets pour ne pas se réduire à des idées ou des notions préconçues.

 

Chapitre 5 - Règles relatives à l'explication des faits sociaux

- Contre le finalisme en sociologie (p.80-88) : Les sociologues ont jusqu'à présent, nous dit Durkheim, cédé à l'interprétation finaliste : celle-ci consiste à expliquer les phénomènes par leurs effets, par les besoins auxquels ils répondent, enfin par leur utilité. Mais expliquer les faits sociaux ainsi ne permet pas de comprendre ce qu'ils sont et comment ils sont nés. C'est prendre le résultat pour la cause ! On trouve cette manière fautive de raisonner dans les sciences naturelles, par exemple quand on explique l'apparition de la main et du pouce opposable chez l'hominidé par sa fonction. Or la fonction de la main chez l'homme ne rend pas compte de sa naissance, de son origine : la main n'est pas apparue pour servir à saisir mieux les outils. Bien qu'ici Durkheim ne fasse pas référence à Darwin, nous pouvons noter que c'est un des enseignements principaux de la théorie de l'évolution. En effet, celle-ci permet d'expliquer l'évolution naturelle des êtres vivants sans s'en référer à une finalité qui est toujours en réalité postulée au départ, qui est toujours un présupposé. Les expèces évoluent, se modifient non pas parce qu'elles ont en vue un but, une finalité particulière, mais parce que la sélection naturelle ne garde que ce qui procure un avantage parmi les variations aléatoires des individus. La science n'a pas à se soucier de la croyance en la finalité, elle laisse cette question à la religion.

En ce sens, Durkheim se montre un scientifique soucieux d'échapper à toute illusion finaliste, à toute téléologie (télos=fin), qu'il s'agisse de l'illusion d'un progrès constant de l'humanité (Comte) ou celle d'un sens moral des évolutions sociales. Il faut donc abandonner la recherche de la cause finale des phénomènes pour rechercher plus scientifiquement la cause efficiente. Durkheim reprend à son compte la distinction classique, issue d'Aristote, entre cause finale (ce en vue de quoi la chose est produite) et cause efficiente (l'agent qui produit).

Mais alors comment se produisent les nouveaux faits sociaux ? Comment adviennent les changements sociaux ?

La question de la cause et de l'origine des faits sociaux se pose dès que l'on entend établir une méthode qui refuse le finalisme. En effet, si la cause n'est pas à chercher à la "fin", elle n'est pas non plus à trouver dans l'individu qui serait la source des changements sociaux. Durkheim précise bien que si les intentions, la volonté des individus, des hommes, peut agit sur le devenir d'une société, ce n'est pas par un action directe et simple. Les tendances sociales ne sont pas le fait des individus mais de processus historiques qui leur échappent. Les faits sociaux reflètent un état social particulier, comme le montre la comparaison entre les cultures : on retrouve les mêmes phénomènes sociaux dans des sociétés très diverses mais qui partagent la même organisation politique, les mêmes rapports familiaux...

Ainsi la méthode sociologique consiste à rechercher la cause efficiente en premier lieu, c'est-à-dire la cause qui provoque dans la société elle-même un changement. L'utilité et la fonction des faits sociaux ne vient qu'ensuite : une fois relevée le changement du milieu social on constate que les phénomènes s'adaptent à de nouveaux besoins et c'est là leur fonction.

- Contre l'explication psychologique en sociologie (p. 88-103) : De même que l'on doit rompre avec l'explication finaliste pour assurer une sociologie moderne et scientifique, on doit aussi rompre avec l'explication psychologique. En réalité, ces deux sortes d'explications reposent sur un même préjugé : on suppose que les formes sociales sont instituées par les hommes dans un certain but, pour une certaine utilité, et donc qu'elles émanent d'intentions et de décisions volontaires dont on peut chercher l'origine psychologique. Mais l'observation des faits sociaux nous montre que ceux-ci sont comme des tendances qui s'imposent de l'extérieur aux individus, qui exercent un effet de coercition sur chaque membre de la société, ils ne peuvent donc pas être des phénomènes "internes" ou psychologiques. "Puisque leur caractéristique essentielle consiste dans le pouvoir qu'ils ont d'exercer, du dehors, une pression sur les consciences individuelles, c'est qu'ils n'en dérivent pas et que, par suite, la sociologie n'est pas un corollaire de la psychologie" (p. 92), nous dit Durkheim. C'est donc dans la société elle-même qu'il faut chercher la cause des phénomènes sociaux : ainsi un phénomène social ne peut-il être expliqué scientifiquement que par un autre phénomène social. La société a ses propres déterminations, comme un organisme, et elle ne peut s'expliquer et se résumer à la simple somme des individus qui la composent : il y a en fait une vie sociale que l'on peut étudier indépendamment des individus parce qu'elle a sa propre logique, ses propres effets et ses fonctions particulières.

"La cause déterminante d'un fait social dout être cherchée parmi les faits sociaux antécédents, et non parmi les états de la conscience individuelle." (p. 101)

La société comme milieu :

Ce qu'il importe d'étudier en sociologie selon Durkheim, c'est la société en tant que milieu. La vie sociale est déterminée par "le fait même de l'association" et il est donc nécessaire pour comprendre les phénomènes sociaux d'étudier le type d'association sur lequel repose la société elle-même. Ainsi il faut envisager la société comme un milieu, et c'est ce milieu qui est le "facteur actif" de la transformation sociale. La sociologie s'établit ainsi comme "écologie" (pour employer un terme moderne renvoyant à l'idée d'une étude du milieu) et comme l'analyse holiste des phénomènes sociaux (les phénomènes sociaux sont des forces qui produisent un milieu social global). Mais au sein de ce milieu social se définissent néanmoins des milieux spécifiques qu'il s'agira de circonscrire pour en mesurer les effets. Nous pouvons prendre l'exemple des corps intermédiaires (corporations, syndicats, associations) qui constituent des milieux particuliers articulés entre eux et ayant des fonctions spécifiques dans la société : ces corps obéissent à des logiques qui leurs sont propres, cependant ils sont hiérarchiquement dépendants du milieu social général dans lequel l'analyse sociologique doit les replacer.

"L'origine première de tout processus social de quelque importance doit être recherchée dans la constitution du milieu social interne." (p. 104)

La société, un phénomène naturel ou conventionnel ?

Si la société est un milieu, il convient de s'interroger pour savoir s'il s'agit d'un milieu naturel ou conventionnel. En effet, en philosophie pour ce qui concerne les théories politiques et sociales deux écoles s'opposent  : d'une part, les Contractualistes (Hobbes, Rousseau) qui voient à l'origine de la vie sociale un Contrat arbitraire passé entre les individus pour constituer cet être artificiel qu'est la société ; d'autre part, les naturalistes (Spencer) qui voient dans la société un phénomène trouvant son origine dans la nature même de l'homme, dans la nature de chaque individu.

Pour Durkheim, si la vie en société est bien naturelle (elle n'est pas issue d'un Contrat social), son origine n'est pas à chercher dans la nature de l'individu. C'est là que sa thèse prend toute son ampleur polémique : la société est une phénomène naturel "sui generis", elle est une forme d'existence en elle-même qui est produite par les conditions de vie réelles. Ainsi s'explique la comparaison insistante entre les sciences sociales et les sciences naturelles, entre la société et l'organisme. Ainsi la perspective de Durkheim ouvre-t-elle un nouvel espace à la théorie politique et sociale : envisager la société comme un fait naturel s'oppose à toute conception culturaliste de la vie en commun. Alors que pour nous la culture, la vie en société représentent une rupture totale et une opposition avec la vie à l'état de nature, avec la Nature elle-même, Durkheim tente de réconcilier les deux phénomènes. Ceci ne va pas sans difficultés, puisque si on comprend le bénéfice pour la méthode scientifique de cette approche, elle oblige à faire l'impasse sur les spécificités des sciences humaines et sur le lien entre la société et l'individu concret. Etudier la société, ce n'est pas étudier les individus mais étudier le milieu social comme un tout organisé obéissant à ses propres lois, lois découvertes grâce à l'étude de régularités statistiques.

Comment alors penser le lien entre les individus et la société ? Si l'approche naïvement intentionnelle des phénomènes sociaux doit être mise de côté pour mieux aborder la complexité du fonctionnement des communautés humaines, n'est-il pas difficile de renoncer à toute explication partant de l'activité politique et sociale des personnes qui les composent ?

 

Conclusion

Durkheim récapitule les caractères généraux de cette méthode sociologique :

  • Son indépendance vis-à-vis de toute philosophie et vis-à-vis des doctrines pratiques.

  • Son objectivité. Les faits sociaux considérés comme des choses. Comment ce principe domine toute la méthode.

  • Son caractère sociologique : les faits sociaux expliqués tout en gardant leur spécificité ; la sociologie comme science autonome

La conclusion permet de préciser à nouveau l'enjeu de cette méthode : il s'agit d'établir l'indépendance de la sociologie comme science à l'égard des autres sciences et de la philosophie. Pour atteindre ce but, il a fallu spécifier son objet et montrer que la sociologie a bien un domaine d'étude qui lui est propre et que l'on peut distinguer de la psychologie. Il a fallu aussi la libérer de toutes les opinions et préjugés qui empêchent de considérer les data sociaux comme des données à part entière et non comme des éléments servant de soutien à une morale ou une idéologie.

Ce que l'on gagne avec la méthode de Durkheim, c'est l'indépendance, la rigueur et l'objectivité des sciences de la nature ; ce que l'on perd, ce sont les spécificités des sciences humaines et notamment l'importance accordée au sens des comportements humains.

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