Tiquett

J. von Uexküll - Le monde de la tique

sgarniel Par Le 19/04/2020 0

Dans Extraits de texte

« La tique ou ixode est un hôte très importun des mammifères et des hommes. La bestiole à la sortie de son œuf n’est pas entièrement formée ; il lui manque encore une paire de pattes et les organes génitaux. A ce stade, elle est déjà capable d’attaquer des animaux à sang froid, comme le lézard, qu’elle guette, perchée sur l’extrémité d’une brindille d’herbe. Après plusieurs mues, elle a acquis les organes qui lui manquaient et s’adonne alors à la chasse des animaux à sang chaud.

Lorsque la femelle a été fécondée, elle grimpe à l’aide de ses huit pattes jusqu’à la pointe d’une branche quelconque pour pouvoir, d’une hauteur suffisante, se laisser tomber sur les petits mammifères qui passent ou se faire accrocher par les animaux plus grands.

Cet animal, privé d’yeux, trouve le chemin de son poste de garde à l’aide d’une sensibilité générale de la peau à la lumière. Ce brigand de grand chemin, aveugle et sourd, perçoit l’approche de ses proies par son odorat. L’odeur de l’acide butyrique que dégagent les follicules sébacés de tous les mammifères, agit sur lui comme un signal qui le fait quitter son poste de garde et se lâcher en direction de sa proie. S’il tombe sur quelque chose de chaud (ce que décèle pour lui un sens affiné de la température), il atteint sa proie, l’animal à sang chaud, et n’a plus besoin que de son sens tactile pour trouver une place aussi dépourvue de polis que possible, et s’enfoncer jusqu’à la tête dans le tissu cutané de celle-ci. Il aspire alors lentement à lui un flot de sang chaud. [...] Si la tique, stimulée par l’acide butyrique, tombe sur un corps froid, elle a manqué sa proie et doit regrimper à son poste d’observation. »

Jakob von Uexküll, Mondes animaux et monde humain (1934)

 
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