" L'inconscient est la trame tissée par le travail de la répétition signifiante, plus exactement, l'inconscient est une chaîne virtuelle d"événements ou de "dires" qui sait s'actualiser en un "dit" opportun que le sujet dit sans savoir ce qu'il dit.
Ce "dit" que le sujet énonce à son insu et qui actualise la chaîne inconsciente des dires, peut resurgir aussi bien chez l'un ou l'autre des partenaires de l'analyse. Quand le "dit" surgit chez l'analysant, nos l'appelons entre autres symptômes, lapsus ou mot d'esprit, et quand il surgit chez le psychnalyste, nous l'appelons entre autres interprétation. Vous le voyez, l'inconscient relie et nour les êtres. Telle est à mes yeux une des idées lacaniennes fondamentales. L'inconscient est un langage qui attache les partenaires de l'analyse : le langage lie, tandis que le corps sépare, l'inconscient noue tandis que la jouissance écarte. [...] Si l'inconscient est une structure de signifiants répétitifs qui s'actualisent en un "dit" énoncé par l'un ou l'autre des sujets analytiques, il s'ensuit que l'inconscient ne peut être individuel, attaché à chacun, et que, par conséquent, nous ne saurons plus assigner un inconscient propre à l'analyste puis un inconscient propre à l'analysant. L'inconscient n'est ni individuel ni collectif, mais produit dans l'espace de l'entre-deux, comme une entité unique qui traverse et englobe l'un et l'autre des acteurs de l'analyse. "
Jean-David Nasio, Cinq Leçons sur la théorie de Jacques Lacan (1992)